Mémo '' Art '' de mer

Je vais commencer par vous citer Henri Matisse : »Vous voulez faire de la peinture ? Commencez alors par vous couper la langue,car désormais, vous ne devrez vous exprimer qu’avec des pinceaux. »
C’est pourquoi, je ne vous parlerai pas technique, mais plutôt de ce support qui fait référence à mon père qui, déjà âgé, retrouva son bateau disloqué par la tempête et qu’il avait pourtant pris soin de mettre à l’abri.
Je vous parlerai aussi de l’angoisse de ma mère scrutant l’horizon, espérant apercevoir le bateau de mon père rentrant au port car un fort coup de
tabac est annoncé. D’ailleurs les embruns mouillent déjà la cour…
Je vous parlerai aussi de ce merveilleux goût du maquereau, du rouget, du lieu jaune etc. dégustés au retour de pêche
Je vous décrirai les pêches à pied miraculeuses la nuit grâce aux barrages de filets(aujourd’hui interdit) et aussi des corvées de nettoyage de ces fameux filets lourds du goémon indésirable… des soirées d’hiver oú mon père fabriquait ses casiers et ses paniers en osier…de nos après-midi entiers ,avec mes sœurs, à traquer la crevette dans les trous d’eau, à explorer les petits coins de pêche à pied (recommander bien sur par mon père,qui lui, lui avait été recommandé par son père,etc.)où nous trouvions des bigorneaux, des lançons, des étrilles, des ormeaux.(ça, c’est pour vous faire saliver)… et surtout je voudrai vous faire partager cette odeur particulière du coltar chaud qui annonçait pour moi le début du printemps.Un peu ma
madeleine de proust.
Vous venez sans doute de comprendre qu’il m’ est inutile de vous parler de mes peintures, car celles-ci vous racontent ce monde de la pêche et de ces hommes rudes et tendres qui me tiennent très chaud au cœur.

                                                                                                                                                                                                                                 Brigitte SIDANER

 

 

Date de dernière mise à jour : 29/09/2023